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Europe
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Septembre - Octobre 2024
Je m'installe pour trois jours dans un camping de Mestre. De là, je peux emprunter le bus pour me rendre à Venise. D'emblée, la capitale de la Vénétie me séduit par son absence de voitures. Enfin une ville où l'on peut se déplacer en toute insouciance, le nez en l'air et la semelle battant le pavé.
En revanche, le Grand Canal est une véritable artère dans laquelle se croisent de nombreux bateaux. Gondoles, vaporettos, ambulances, police, bateaux privés, participent à un incessant chassé-croisé aquatique .
Rapidement, je m'engage dans les rues pavées, loin de ce capharnaüm. Il est 9h30 lorsque je déboule sur la place Saint-Marc. Les touristes sont encore peu nombreux. Je peux donc profiter tranquillement des lieux. Au bout de la place se trouve la basilique Saint-Marc jouxtant le palais des Doges. Tous deux furent reconstruits en 976 suite à un incendie lors de la révolte des vénitiens.
Pour découvrir la ville, je déambule au hasard dans son labyrinthe de ruelles et canaux. Au détour de l'un d'eux, le pont du Rialto, le plus ancien permettant de franchir le Grand Canal, se dévoile. Plus loin, les gondoles promènent silencieusement les couples sous le pont des Soupirs.
Le Grand Canal (Venise)
Basilique Saint-Marc (Venise)
Le lendemain, le vaporetto m'emmène sur les îles de Murano et Burano. Au XIIIème siècle, c'est à Murano que les verriers furent obligés d'installer leurs ateliers suite aux nombreux incendies menaçant les maisons en bois de Venise. Aujourd'hui, les souffleurs réalisent à la main toutes sortes d'objets en verre (vaisselle, objets d'art, ...) avec une dextérité et une facilité déconcertante.
L'île de Burano, elle, me séduit par sa taille réduite et ses maisons colorées qui lui donnent un cachet unique.
Au camping, je fais la connaissance de Laurence et Jérôme qui voyagent en train. Partis de Bretagne, ils font escale à Venise avant de rentrer par le sud de la France. C'est avec plaisir que nous discutons chaque fois que nous nous croisons pendant ces trois jours. Ce matin, avant de reprendre la route, nous échangeons nos adresses mail pour reprendre contact à mon retour en France.
Place Saint-Marc (Venise)
Palais des Doges (Venise)
Burano
Pont des Soupirs (Venise)
Venise
Animé par l'envie de randonner en montagne, je prends la décision de quitter la côte pour aller dans les Dolomites. Pour éviter d'avoir trop de dénivelé à parcourir, je vais jusqu'à Calalzo di Cadore en train. Là, il ne reste plus que 33 kilomètres pour atteindre Cortina d'Ampezzo. En progressant sur la voie verte qui relie Munich à Venise, je suis ravi par le décor radicalement différent de la veille. A chaque virage s'offre à mon regard une nouvelle montagne tantôt sous la forme d'un pic, tantôt sous celle d'un dôme ou d'un plateau.
Comme la journée est déjà bien avancée, je m'arrête pour bivouaquer à mi-chemin. Alors que je crois avoir déniché un endroit isolé au bout d'un chemin, je vois passer et se garer 50 mètres plus loin un 4x4. Un homme barbu, qui me paraît être encore plus sauvage que moi, en descend et disparaît dans la vallée. Il fait nuit noire quand je m'apprête à me coucher. C'est à ce moment là que la voiture repart en sens inverse. Elle stoppe à mon niveau. L'homme abaisse sa vitre et m'interpelle :
- Vous venez d'où ?
- Je viens de France, lui réponds-je, sur mes gardes.
- Les montagnes sont belles ici, n'est-ce pas ? me dit-il. Passez une bonne nuit !
Je m'assois de longues minutes, fasciné par ce spectacle géologique unique. Il est maintenant temps de rentrer, épuisé mais repu de montagnes et heureux.
Je quitte les Dolomites avec des souvenirs plein la tête. Au petit matin, je rejoins la vallée puis la plaine à hauteur de Conegliano en suivant la véloroute. La pluie, qui a fait son apparition en milieu d'après-midi, redouble d'intensité. Sous le déluge, le temps de monter ma tente au bord de la piste cyclable, l'intérieur est entièrement trempé... J'installe mon tarp (auvent qui me permet de manger en étant à l'abri) et j'essaie de sécher la tente avec ma serviette tout en aérant au maximum. Malgré la pluie qui tambourine sans cesse, je passe une bonne nuit.
La frontière slovène n'est désormais plus qu'à 150 kilomètres. En consultant la météo ce matin, je constate que des précipitations et des orages sont annoncés à partir de la nuit prochaine. Je décide donc de couvrir les 100 kilomètres qui me séparent de Trieste d'une traite, pour m'installer dans un camping. La journée se passe bien. Je progresse rapidement. A 16h30, je touche presque au but. Je suis content de moi... mais c'est sans compter sur une côte de 2,5 kilomètres à 13 % !
Après 90 kilomètres d'effort, cet obstacle me coupe les jambes. Je dois pousser mon vélo car je n'arrive plus à avancer. Trois quarts d'heure plus tard, je parviens enfin sur le plateau. Alors que je pense qu'il ne reste que du plat pour atteindre le camping, une nouvelle longue montée se dresse face à moi. Je progresse si lentement qu'un jogger me dépasse allègrement. Mes jambes ne répondent plus, le mental prend aussitôt le relais. Enfin la descente. Toutefois, le camping est perché au sommet d'une dernière côte à 10 % ! Au terme de 105 kilomètres, j'avale une bière cul-sec, prends une douche et vais me coucher.
Comme annoncé, de violents orages éclatent pendant la nuit puis il pleut pendant 24 heures non stop. Je patiente donc dans ma tente en attendant l'accalmie.
Je visite Trieste puis continue mon chemin en direction de la Slovénie. Les orages ont apporté le froid et de l'humidité. Je roule désormais avec une doublure et mon coupe-vent.
En Slovénie, le paysage change rapidement. S'étendent devant moi des collines aux sommets dénudés qui ressemblent à s'y méprendre à celles des plateaux du Mézenc et du Larzac.
Deux heures plus tard, je pénètre en Croatie. Tandis que je demande de l'eau à un vieil homme en m'aidant de gestes, je prends conscience que contrairement à l'italien, le croate m'est complètement incompréhensible.
Me voilà à Rijeka où je fais un petit tour de ville et dévore un burger dont je rêve depuis de longues semaines.
Traverser la Croatie en longeant la côte m'obligerait à emprunter la route principale très fréquentée. Je choisis donc de passer d'île en île jusqu'à Zadar. Je me dirige donc vers l'île de Krk que je sillonne du nord au sud. Le centre est barrée par une petite chaîne de montagnes demandant quelques efforts. De plus, le soleil et la chaleur que j'espérais ont cédé la place à un ciel gris qui m'empêche d'apprécier vraiment le décor.
Le lendemain, j'embarque pour l'île de Rab. La traversée, d'une durée initiale de 1h20, prend le double de temps. Le ferry décrit des cercles à la recherche d'un probable disparu, une planche de paddle dérivant seule au milieu des flots. Mais les recherches ne donnent rien. Je me balade sur l'île pour débusquer des criques isolées aux eaux turquoises.
Alors que je flâne sur le port de Rab avant d'aller prendre un ferry pour rejoindre le continent, un couple de cyclos français m'interpelle et m'offre un café. Ils m'apprennent qu'une navette effectue la traversée pour l'île de Pag. Je fais donc une croix sur le ferry et embarque avec eux sur le petit bateau. Ma première journée sur cette île débute sous le soleil. Le paysage est composé de parcelles caillouteuses délimitées par des murets et dans lesquelles ne poussent que des oliviers et quelques arbustes. La seule route suit la ligne de crête. A l'ouest s'étend la mer Adriatique parsemée d'îlots plus ou moins grands. A l'est, le continent apparaît sous la forme d'une barrière rocheuse longeant la côte. Nouveau décor, bienvenue en Croatie !
Aujourd'hui, le temps change. Le vent, le froid et la pluie sont de retour. C'est dans ces conditions que je rallie Zadar distant de 90 kilomètres.
Malgré ses rues pavées et ses bâtiments à l'architecture d'influence italienne, la vieille ville de Zadar ne m'offre rien de vraiment attrayant de prime abord. Je prends pourtant du plaisir à la sillonner pendant une journée.
J'ai réservé une excursion en kayak de mer pour ce samedi, activité qui me fera découvrir les îles depuis la mer. Je prends donc le ferry pour l'île de Dugi Otok où je rejoins le moniteur et un groupe de six personnes. La matinée est consacrée au tour d'un îlot sauvage avec halte pour se baigner. Au retour sur la plage de galets, ma cheville se dérobe sous mon poids. Je ressens une immense douleur qui remonte jusqu'au genou. Tandis que les autres vont découvrir une grotte marine en kayak, je reste à patienter sur la plage, le seul ferry de retour étant en fin d'après-midi.
Après plusieurs examens médicaux, le verdict tombe : entorse de la cheville avec rupture d'un ligament et tendinite du muscle du péroné. Je me donne deux semaines pour voir si je peux reprendre le vélo et repartir.
Malheureusement, au terme de ce délai, la douleur est encore très intense. Las d'attendre, je me résous à rentrer en France pour me soigner et revenir une fois que j'aurai retrouvé toute ma mobilité.
Randonnée dans les Dolomites
Parc naturel des Tre Cime di Lavaredo
Lac de Santa Croce (Farra d'Alpago)
Fontaine des Quatre Continents (Trieste)
Plage de Suha Punta (Île de Rab)
Eglise et couvent de Saint-Jean l'Evangéliste (Île de Rab)
Embarquement pour l'île de Pag
Le continent vu de l'île de Pag
Ville de Pag
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Et le voilà qui s'enfonce dans la nuit, me laissant là, rassuré par ses intentions.
Au camping de Cortina d'Ampezzo, qui sera mon camp de base pendant trois jours, je dois reporter ma randonnée dans la parc du Lavaredo pour cause de mauvais temps. Le brouillard couvre les montagnes et la pluie ne cesse de tomber pendant une journée entière. Le lendemain, le jour se lève dans un beau ciel azur. Je monte en bus jusqu'au refuge Auronzo, point de départ de ma balade. Je rejoins le refuge du Lavaredo puis m'engage sur un sentier moins fréquenté. Là, je descends à flanc de montagne pour déboucher dans une cuvette au fond de laquelle se trouve un petit lac paisible. Je fais une pause pour me restaurer et m'imprégner de la sérénité des lieux. Je remonte ensuite jusqu'aux Tre Cime, principal symbole des Dolomites. Par-delà la crête, sous le bleu d'un ciel parsemé de nuages blancs, les énormes blocs rocheux des Tre Cime dominent un paysage teinté du gris clair de la roche et saupoudré du vert de la végétation.
Août 2024
C'est à partir d'Albi que je pénètre dans la vallée du Tarn à proprement parler. Au fil de la journée, de hautes collines s'élèvent autour de moi. Je suis tout de même surpris que la route ne soit pas plus pentue. C'est plutôt un faux plat montant sur lequel ma vitesse oscille entre 17 et 20 km/h.
Le lendemain, avant les fameuses gorges du Tarn, je prends plein sud dans la vallée du Dourdou. Le décor change progressivement. La route est enfin vallonnée et les collines alentour sont magnifiques. Passé Saint-Affrique, j'aperçois le Causse du Larzac qui semble m'attendre paisiblement. Sa hauteur et ses falaises abruptes m'impressionnent au point de commencer à me préparer mentalement à l'ascension du lendemain. Je profite tout de même du coucher de soleil depuis mon bivouac au pied du causse.
Sur le plateau, je fais une première pause au Viala-du-Pas-de-Jaux. Ce village est l'un des cinq sites du Larzac où les templiers et hospitaliers ont établis leurs commanderies, les autres étant La Cavalerie, Saint-Jean-d'Alcas, La Couvertoirade et Sainte-Eulalie-de-Cernon. C'est dans ce dernier bourg médiéval que je me rends pour visiter la toute première commanderie des moines-soldats.
Commanderie de Sainte-Eulalie-de-Cernon
La visite s'avère très instructive, sur le plateau du Larzac en général et l'histoire des templiers en particulier. Le parfait état de conservation de l'intérieur du château permet au visiteur de s'immerger aisément dans l'époque moyen-âgeuse.
Dans l'euphorie de ce voyage dans le temps, je commets ma première grosse bêtise du voyage. Le vent soufflant très fort, je place une de mes sacoches en guise de pare-vent près du réchaud dans lequel de l'eau bout. Alors que je suis affairé à replier ma tente que j'avais mise à sécher, la sacoche se couche sur la casserole. Heureusement que je m'en rends compte à temps. La matière plastique a fortement chauffé mais a bien résisté ; il n'y a pas de trou. Ouf ! Le pire dans cette histoire, c'est que j'ai un pare-vent rangé au fond d'une sacoche mais que j'ai la flemme de le sortir...
Sur la route, j'aborde tranquillement une petite montée. Une voiture arrive derrière moi et se porte à ma hauteur :
- Tu veux t'accrocher un peu ? me crie le conducteur par la portière passager,
Surpris par sa question, je le regarde et lui sourit, pensant à une blague.
- Non non, lui réponds-je,
- Tu es vraiment sûr ? insiste-t-il,
- Il est vraiment sérieux ! pensé-je en éclatant de rire. Ça ira, merci.
Quelques kilomètres plus loin, c'est une voiture immatriculée dans l'Île-et-Vilaine qui me rattrape. Le passager, ayant vu le drapeau breton à l'arrière de mon vélo (lors de mon passage en Bretagne, mes amis m'ont fait accrocher le "gwen ha dû" à mon porte-bagages), me crie : " Tu es breton ? Tu es parti depuis combien de temps ? Bon courage à toi ! ".
Puis je fais ma deuxième boulette de la journée. Lors d'une pause photo, je casse bêtement la béquille de mon vélo. Cela me contrarie vraiment parce qu'à chaque arrêt, en l'absence de béquille, il faut trouver un support contre lequel appuyer mon lourd vélo. Autrement dit, c'est la galère... Je serais vraiment passé par tous les états aujourd'hui !
Comme j'ai aimé le plateau de l'Aubrac l'an dernier, je suis conquis par celui du Larzac. J'adore les grandes étendues sauvages et désertiques où la nature a conservé tous ses droits. Hormis la présence des quelques routes et réseaux électriques, j'ai l'impression que rien ou presque n'a bougé depuis des centaines d'années. Rouler seul à vélo sur ces terres me fait prendre conscience que je ne suis finalement pas grand-chose dans cette immensité.
Ce soir, à mon bivouac installé en bordure est du causse, tandis que je me lave, une biche vient manger à 200 mètres de moi. Chacun vaque à ses occupations, jetant de temps en temps un regard à l'autre.
Au réveil, madame est toujours là, mais accompagnée de monsieur. A ma vue, ils détalent comme des lapins. Je tourne la tête et aperçois... un lapin qui m'observe puis disparaît à son tour. Décidément, tout le monde s'est donné rendez-vous ici pour débuter cette journée !
Plateau du Larzac
A regrets, j'en ai terminé avec le causse du Larzac. Je m'apprête maintenant à parcourir la partie sud des Cévennes pour rallier Nîmes.
Au petit matin s'offrent à mon regard les montagnes cévenoles dans leur typique camaïeu de bleu. Je dévale 15 kilomètres de descente pour échouer dans la vallée de l'Arre. Il fait maintenant très chaud et les portions ombragées sont les bienvenues.
Cette partie des Cévennes est parfois formée de hautes falaises qui plongent dans de longues vallées encaissées. Le paysage est superbe.
Je fais la connaissance d'une cycliste qui se balade sur la voie verte. Nous échangeons sur nos voyages respectifs, elle à pied de Montpellier au Guilvinec, moi à vélo.
A Vic-le-Fesc, je déniche enfin un mécanicien vélo qui répare gracieusement ma béquille.
Je traverse le département du Gard sous une chaleur torride. Il fait plus de 40 ° C à l'ombre. Je n'ai même pas le courage de m'arrêter à Nîmes pour visiter la ville. Je fuis à travers les vignes qui s'étendent à perte de vue. De plus, le comportement dangereux des automobilistes vis-à-vis des cyclistes ne m'incite pas à prolonger mon séjour ici.
Le soulagement me gagne enfin lorsque je déboule sur la Via Rhôna, quelques kilomètres avant Beaucaire. Elle emprunte ici le même tracé que la véloroute de la Méditerranée (Eurovélo 8) qui sera désormais mon fil rouge jusqu'à Athènes.
Lorsque je monte en selle ce matin, plein d'énergie, je ne me doute pas que je vais vivre l'une des journées les plus difficiles depuis que je voyage à vélo. Tout commence pourtant par une belle voie verte très roulante.
Vallée de l'Arre
Depuis Apt, je me dis que rallier Forcalquier sera une formalité. Mais c'est sans compter sur la fringale qui me guette. Comme il m'arrive de le faire, je pars tôt sans manger et envisage de faire une pause au bout de 10 kilomètres pour prendre mon petit-déjeuner. Mais ce n'est qu'au bout de 25 kilomètres que je m'arrête enfin. Seulement, il est trop tard. J'ai faim depuis longtemps et je suis en hypoglycémie. Il n'y a rien à faire. Même après m'être restauré, je ne retrouve pas mes forces. Je n'avance plus et la route s'élève toujours plus. Je fais une croix sur Forcalquier et coupe l'itinéraire pour aller directement à Manosque. Mais se dresse devant moi le col de Montfuron (649 mètres) que je franchis très péniblement. Après un temps qui me semble une éternité, je dévale enfin la descente vers Manosque et son camping où je dors plus d'une heure au bord de la piscine. C'est juré, on ne m'y reprendra plus !
Je pensais qu'en prenant l'Eurovélo 8, je rencontrerais plus de cyclistes. Mais il n'en est rien. J'ai l'impression d'être le seul cyclo-voyageur dans la région. Heureusement que Jérôme et son fils, qui roulent depuis Avignon pour se rendre à Nice rompent cette monotonie. Et en m'invitant à Sainte-Maxime pour me voir une dernière fois avant que je quitte la France, mon neveu Axel, avec qui j'ai parcouru la Loire à vélo en 2019, me fait vraiment plaisir.
Entre Sainte-Maxime et Nice, je longe la côte d'Azur. Je découvre le massif de l'Estérel qui me laisse sans voix tellement je trouve ses montagnes belles. La côte rocheuse est déchiquetée, parsemée de petites criques et calanques, ressemblant parfois à s'y méprendre à la Bretagne.
Avant Monaco, la longue ascension du col d'Eze m'offre une vue panoramique sur Villefranche-sur-Mer et Saint-Jean-Cap-Ferrat, 500 mètres plus bas. L'effort fourni est récompensé à sa juste valeur.
Cascade de Sillans-la-Cascade
Au col d'Eze (500 mètres)
Massif de l'Estérel
Villefranche-sur-Mer
Saint-Jean-Cap-Ferrat
Ça y est, je franchis enfin la frontière italienne. De Vintimille, je prends le train pour Cuneo car la route est trop dangereuse pour les cyclistes. De là, je me dirige vers Turin par des routes assez fréquentées. C'est seulement dans les traversées de villes que des pistes cyclables ont été aménagées. A Turin, je suis censé retrouver l'Eurovélo 8 qui traverse la plaine du Pô d'ouest en est. Mais le balisage est quasi-inexistant. C'est une centaine de kilomètres plus loin que l'itinéraire emprunte l'énorme digue qui protège la plaine des crues du fleuve.
Mon parcours s'apparente en fait à une longue traversée du désert. La plaine n'est qu'une immense étendue de champs de maïs ponctuée ça et là de villages dans lesquels les commerces et les habitants ont presque disparu. La forte chaleur qui règne n'arrange pas les choses pour apercevoir le quidam pointer le bout de son nez dehors. Seules les grandes villes sont animées et peuplées.
Je découvre cependant une nouvelle architecture des villages et de leurs églises.
A Pavie, je rencontre un couple de cyclistes français qui vont eux aussi en Slovénie. Nous pensons nous retrouver les jours suivants. Mais ce que je ne sais pas, c'est que contrairement à moi qui m'obstine dans la morne plaine du Pô, eux se dirigent vers Vérone et Mantoue.
Moi qui habituellement traverse les villes rapidement, je suis soulagé et enchanté de retrouver la civilisation à Plaisance. Je suis à peine arrivé sur la piazza dei Cavalli qu'un jeune couple m'aborde pour avoir des renseignements sur mon vélo Caracol. Celui-ci intéresse fortement la jeune fille cyclo-voyageuse qui aimerait en acheter un.
Santuario Della Beata Vergine Del Pilone (Moretta)
Il n'est pas facile de trouver des campings dans cette région qui n'est pas touristique. Aussi, les bivouacs s'enchaînent. Je prends de plus en plus de plaisir à dormir en pleine nature. Un réel sentiment de liberté me gagne.
Pour briser l'ennui de ces longues journées en plein soleil, les champs de maïs laissent la place aux rizières dans lesquelles vivent quelques oiseaux comme les aigrettes, hérons et ibis sacrés. Je suis surpris de revoir ces derniers ici. La seule fois où j'en ai vus était dans le marais breton en 2016.
Depuis hier, un bruit suspect se fait entendre chaque fois que je roule dans un trou de la chaussée. Ce matin, j'inspecte donc Caracol et m'aperçois qu'un œillet de fixation du porte-bagages avant droit est cassé. Il faut le réparer rapidement car le poids de la sacoche ne repose plus que sur un seul point d'attache.
Je me mets immédiatement en quête d'une carrosserie qui pourra ressouder cet œillet. Il y en a une à Dosolo à 3 kilomètres. Là, Vittorio et Vedda auscultent le blessé et préparent le matériel pour procéder à la soudure.
L'opération prend une vingtaine de minutes au terme desquelles je peux reprendre la route. Je les remercie chaleureusement pour leur gracieuse intervention après avoir échangé quelques mots avec Vedda. Il m'apprend qu'il est turc et qu'il est impressionné et content que je me rende dans son pays à vélo.
Je file maintenant au nord pour rejoindre la ville de Padoue. Quelques kilomètres après avoir quitté la plaine du Pô, le contraste est saisissant. Les villages que je traverse maintenant sont beaucoup plus vivants et animés. Mais finalement, je ne regrette pas mon itinéraire car j'aurais vu une autre facette de l'Italie, différente de la carte postale qu'on vend aux touristes. Le peu de personnes auxquelles j'ai parlées ont toujours été sympathiques et serviables, même si les bonjours ont été rares sur la route.
A Padoue, l'influence vénitienne est partout dans l'architecture. Les bâtiments, places et jardins sont presque tous ornés de statues. La place Pratto della Valle offre un espace où se mêle verdure, eau et art. Autour du canal circulaire sont disposées des dizaines de statues représentant d'illustres personnages de science et d'art.
La basilique Saint-Antoine ne fait pas exception. L'intérieur est orné de nombreuses peintures et sculptures, que ce soit dans la nef ou les multiples chapelles. Bien sûr, dans l'une d'elles se trouvent le tombeau de Saint-Antoine devant lequel défilent des centaines de personnes.
C'est devant la basilique que je tombe à nouveau sur le couple de cyclistes français rencontré 7 jours plus tôt à Pavie. Heureux de nous retrouver, nous nous racontons nos parcours pour arriver jusqu'ici.
Je parcours le centre-ville pour admirer divers monuments puis file en direction de Venise.
Village de la plaine du Pô
Coucher de soleil sur le Monviso (3841 m)
Village de la plaine du Pô
Piazza San Carlo à Turin
Piazza dei Cavalli à Pavie
Pratto della Valle à Padoue
Cloître de la basilique Saint-Antoine de Padoue
Château de Monselice
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Juillet 2024
Après 8 jours de repos en Bretagne, chez Anne et Alexandre, il est temps de reprendre la route.
Alexandre m'accompagnera les deux premiers jours. Mais avant cela, il a fallu bricoler un système de fixation de la remorque qu'il tractera avec son VTT. Une fois la solution trouvée, nous quittons Auray, au nord du Golfe du Morbihan. Connaissant moins la partie sud, nous choisissons de nous rendre à Locmariaquer pour traverser en navette l'entrée du Golfe. Anthony nous accompagne sur ce tronçon.
Le bateau nous dépose à Port-Navalo, sur la presqu'île de Rhuys dont nous parcourons la côte rocheuse. Nous apprécions l'air marin et le paysage que nous délaissons tout de même pour aller voir le château de Suscinio. En fin d'après-midi, nous retrouvons Anthony. Avec Julie, ils nous accueillent dans leur maison sur l'île de Tascon. En compagnie de leurs amis, nous passons une soirée sympathique à discuter et jouer aux palets bretons.
Le lendemain, il nous faut partir tôt pour regagner le continent par le gué et ne pas être bloqués par la marée montante.
A la fin d'une nouvelle journée à parcourir la campagne bretonne et ses belles maisons de pierres, Anne et Alexandre me laissent seul à Pénestin. J'ai un gros pincement au cœur en les regardant s'éloigner car je réalise qu'à compter de demain la véritable aventure en solitaire commence.
La ville fortifiée de Guérande mérite que je prenne le temps de parcourir ses ruelles pavées et de visiter la collégiale Saint-Aubin. L'intérêt de cette dernière se trouve dans ses vitraux et la crypte abritant les dépouilles d'illustres personnages locaux.
A Saint-Nazaire, il me faut maintenant franchir le pont qui enjambe la Loire. L'ayant déjà fait il y a quelques années, je sais que ce n'est pas vraiment une partie de plaisir car seule une bande étroite permet de circuler à vélo (ce n'est même pas une bande cyclable...). Lorsque j'aperçois devant moi une famille avec trois enfants s'engageant sur le pont de 3 kilomètres, mon inquiétude grandit. Finalement, les parents parviennent à écarter les véhicules grâce à la largeur de leurs vélos-cargos, protégeant ainsi les enfants. Ceux-ci grimpent sans faiblir la pente de 6 % jusqu'au sommet du pont. Une fois sur la rive gauche du fleuve, nous pouvons souffler et discuter avant de se retrouver plus tard au camping de Saint-Brévin-les-Pins.
Auparavant, je dois aller rendre visite au serpent d'océan, œuvre gigantesque reposant sur la plage, entre fleuve et océan.
Du vent, du vent et toujours du vent. Il souffle de côté ou trois-quarts de face. Je fais beaucoup d'efforts pour peu de kilomètres parcourus. La traversée de marais me permet de penser à autre chose. Dans l'optique de mes jumelles, j'observe les oiseaux qui font l'une des richesses de ce milieu. Bécassine des marais, mouettes rieuses, avocettes, aigrettes, foulques et tant d'autres.
Ce matin, c'est un petit étourneau qui me rend visite alors que je plie ma tente. A l'aube, la moustiquaire de celle-ci est un véritable écosystème peuplé d'insectes que l'oiseau se fait un plaisir de venir dévorer. Peu farouche, il vient même me picorer les doigts. Et pour clore cette journée, ce sont des cigognes qui réalisent un splendide ballet aérien.
Château de Suscinio
Après des jours et des jours de grisaille et fraîcheur, le temps change radicalement. Le ciel est bleu, sans nuage. La journée promet d'être chaude. Enfin !
Je dois aborder mon voyage différemment car depuis quelques jours le déjà-vu de la Vélodyssée, parcourue en 2016 dans le sens sud-nord, commence à m'ennuyer et me fait rouler à un rythme trop élevé. Alors que j'envisageais d'aller jusqu'à Bordeaux, je décide donc de briser cette monotonie en bifurquant sur la Flow Vélo à partir de Rochefort.
Je quitte donc la côte atlantique pour m'enfoncer dans les terres poitevines. Je reprends du plaisir en longeant la Charente qui sera mon fil rouge pendant les prochains jours.
Anthony et Alexandre
Le serpent d'océan (Saint-Brévin-les-Pins)
Un homme se tient debout sur le bord de la route, près d'un petit étang. Il tient à la main un bâton au bout duquel pend un fil auquel est accroché... un morceau de foie. Intrigué, je m'arrête et le questionne. Pierre m'explique qu'il pêche les écrevisses américaines, espèce invasive, de cette manière. Et c'est plutôt efficace. Au bout de quelques secondes, le fil se tend et Pierre remonte le foie auquel sont suspendus cinq écrevisses !
Toute la région est infestée de ces écrevisses qui traversent les chemins pour aller d'une mare à une autre. C'est assez impressionnant d'en voir autant.
A Port-d'Envaux, je m'assois dans un parc pour regarder une pièce de théâtre en plein air qui se joue dans le cadre d'un festival.
Plus j'avance et plus l'environnement change. Les dénivelés se font plus fréquents. J'arrive dans le Périgord.
Port du Collet (Les Moutiers-en-Retz)
Collégiale Saint-Aubin de Guérande
Le Périgord m'offre un paysage beaucoup plus vallonné. De nombreuses côtes sont au programme de ces jours-ci. Je dois parfois fournir de gros efforts car certaines pentes s'élèvent jusqu'à 13 %. Malgré tout, je préfère cela aux routes trop plates car je prends énormément de plaisir.
Les maisons périgourdines et les nombreux châteaux ont une architecture d'apparence massive qui leur donne une impression d'invulnérabilité.
Je dépasse Sarlat-la-Canéda pour continuer en direction de Rocamadour. Ce village accroché à la falaise se mérite au terme d'une longue montée de 6 kilomètres à 6 % de moyenne. Arrivé sur le plateau, la vue sur Rocamadour est imprenable.
Je rencontre une cycliste retraitée qui me double allègrement dans la montée. Je la rejoins au col pour bavarder quelques minutes. Ce sera trois jours plus tard, au détour d'une nouvelle rencontre, que nous échangerons plus sur nos expériences de voyages.
Arc de Germanicus (Saintes)
Théâtre gallo-romain (Saintes)
Alors que j'approche de Cahors, je change une nouvelle fois d'avis sur la suite de mon itinéraire. Je ne remonterai pas la vallée du Lot comme prévu mais plutôt celle du Tarn un peu plus au sud. Je pousse donc jusqu'à Montauban. C'est là que je fais la connaissance de Jean-Pierre qui se porte à ma hauteur sur son vélo de route. "JP" est un local qui a émigré en région parisienne. Quand il revient dans la région, il enfourche son vélo dans la fraîcheur matinale et roule au hasard des rencontres cyclistes qu'il fait. Ce matin, nous évoquons ensemble l'Ardèche car il a participé à l'Ardéchoise. Il est intarissable sur ses anecdotes à vélo à travers l'Europe. La discussion s'éternise durant 12 kilomètres avant de nous séparer à l'entrée de Montauban. Merci pour la compagnie !
Ce soir, je tente ma première expérience de Warmshowers, le réseau d'hébergement entre cyclistes. Stéphane, qui travaille dans une compagnie de cirque, me reçoit chez lui alors que je le contacte l'après-midi même. Il vient d'aller acheter 2 tonnes de granulés de bois. Je lui propose donc mon aide pour décharger les sacs avant de prendre ma douche. Il m'offre ensuite un repas et nous bavardons une partie de la soirée.
Je découvre la ville d'Albi pour laquelle j'ai d'emblée un coup de cœur. Je prends le temps de me balader dans ses rues, de visiter la splendide cathédrale Sainte-Cécile et de flâner dans les jardins du palais de la Berbie.
Rocamadour
Cathédrale Sainte-Cécile d'Albi
Village périgourdin
Jeudi 13 juin 2024. Ca y est, c'est le grand départ de Tence (43).
La veille, j'étais encore au travail. Le week-end dernier, j'ai dû vider ma maison de tous ses meubles dans la précipitation car je n'arrivais pas à la louer meublée. Autant dire que je suis fatigué et stressé au moment de me lancer dans un tour du monde.
En ce jeudi ensoleillé, j'ai pour compagnons de route des oncles et tantes et Valérie et Fabien. Ils rouleront avec moi toute la matinée. De Tence, nous rejoignons la Via Fluvia, véloroute reliant les fleuves Loire et Rhône, jusqu'à Lavoûte-sur-Loire. Il n'y a pas de réelle difficulté sur cette belle voie verte serpentant entre sucs et vallées. En revanche, le profil du parcours change radicalement l'après-midi. Sur la rive gauche de la Loire, une longue montée (pente moyenne de 6 %) menant sur le plateau de Saint-Paulien me rappelle que je transporte des sacoches dont le poids se fait immédiatement ressentir. Mon frère Laurent m'encourage jusqu'au sommet puis nous nous séparons. Je prends alors la direction du Puy-en-Velay où m'attendent Marine et Benoît.
Le Puy-en-Velay
J'adore ma région car elle est très vallonnée, offrant donc des points de vue intéressants. Cependant, pour s'en extirper à vélo, il faut avaler beaucoup de dénivelé. Comme l'année dernière sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, les premiers jours sont synonymes de gros efforts. De plus, un vent froid souffle comme la veille, m'obligeant à pédaler en descente.
Je continue plein est pour rejoindre la vallée de l'Allier que je souhaite parcourir jusqu'à Vichy. A la mi-journée, une longue descente m'amène au pied des orgues basaltiques de Prades. Cette formation géologique d'origine volcanique est impressionnante. La roche s'est solidifiée verticalement dans la partie inférieure et horizontalement au-dessus. La nature est capable de prouesses structurelles de toute beauté.
Plus loin, la chapelle Sainte-Marie-des-Chazes apparaît au détour d'un virage, entourée de végétation au pied d'un éperon rocheux, tandis que le village de Chilhac se dresse fièrement sur son promontoire basaltique.
Orgues basaltiques de Prades
Le relief est toujours aussi vallonné et le vent est omniprésent. Je progresse à faible allure car je ressens une douleur au muscle tibial releveur du pied gauche depuis deux jours. Les six derniers mois n'ont pas été propices à une bonne préparation physique. J'ai tout d'abord fait une chute à VTT, me blessant aux côtes. Ensuite une sciatique m'a empêché de rouler pendant un mois. Aujourd'hui s'ajoutent à cela le dénivelé, le froid et le poids de mes sacoches. Tous les ingrédients d'une blessure musculaire sont ainsi réunis.
Je décide donc de faire une pause à Issoire où je patiente au camping. Là, je rencontre Pierre, cycliste qui vient de courir la cyclosportive l'Ardéchoise. Maintenant, il assure l'intendance en voiture de ses deux copains qui rallient le Mont-Saint-Michel à pied. Pierre me prête un tube d'Arnigel pour soigner ma blessure. Je lui donne un saucisson pour l'apéro.
Après deux jours et demi d'attente, impatient, je prends le train pour la Bretagne via Nevers où m'attendent Romane et Virginie. Mais la malchance me poursuit. Au moment de quitter Nevers, j'apprends que tous trains sont annulés suite à des inondations dans le centre de la France. Je rallie donc Bourges en voiture et embarque enfin dans un train pour Nantes puis Auray.
Près du Golfe du Morbihan, je prolonge ma période de repos et consulte un médecin qui me confirme ma blessure et me prescrit une attelle.
Dans trois jours, je dois rejoindre Anaïs près d'Avranches pour un tour de la Manche à vélo.
Chapelle Sainte-Marie-des-Chazes
Falaises du Blot (Cerzat)
Chilhac
Château de Saint-Ilpize
Chilhac
Mardi 25 juin 2024. Comme nous n'avons jamais voyagé ensemble, c'est pleins d'incertitudes mais avec beaucoup d'envie qu'Anaïs et moi enfourchons nos bicyclettes pour une boucle de cinq cents kilomètres à travers la Normandie.
Première étape : Saint-Malo où nous devons prendre le ferry pour l'Angleterre. Pour cela, nous empruntons la Vélomaritime (Eurovélo 4), alternance de sections goudronnées et de chemins ombragés. Le soleil est de la partie et nous apprécions le calme au rythme de notre progression. Au cours de la matinée, nous faisons une petite halte au Mont-Saint-Michel et prenons le temps de rendre visite aux collègues de travail d'Anaïs.
A l'approche de Saint-Malo, le chemin se transforme en sentier sablonneux longeant la plage et le vent nous ralentit. Il nous semble que plus nous avançons, plus la cité corsaire s'éloigne...
Le ferry accoste à Portsmouth le lendemain matin. Notre première appréhension est de circuler à gauche de la chaussée. Dès les premiers coups de pédales, nous sommes sur nos gardes. Mais le plus difficile reste les traversées de rues. Il nous faut regarder du bon côté pour ne pas se faire renverser.
Après quelques tergiversations en centre-ville, nous prenons rapidement la direction de la mer pour y trouver l'itinéraire cyclable côtier. En ville, les piétons partagent les trottoirs avec les cyclistes. La cohabitation se passe plutôt bien. Par contre, en dehors des agglomérations, les pistes cyclables longent souvent des routes très fréquentées voire des 2x2 voies. De plus, la signalisation de l'itinéraire côtier est très sporadique. Malgré notre GPS nous nous égarons plusieurs fois. C'est à l'occasion d'une pause "orientation" qu'un cycliste se rendant au travail s'arrête à notre hauteur. Il commence par nous montrer le chemin puis, devant notre hésitation, nous invite carrément à le suivre jusqu'au bon embranchement de routes.
Saint-Malo
Plus tard, un deuxième cycliste, qui rentre chez lui après avoir fait ses courses, nous propose de l'accompagner. Lorsque nous le quittons une quinzaine de kilomètres plus loin, nous nous rendons compte que nous venons de faire un détour qui nous fera parcourir trente kilomètres supplémentaires !
Le deuxième et dernier jour en terres anglaises est beaucoup plus agréable. Nous traversons le parc New Forest. Lorsque nous pénétrons dans la forêt, nous apprécions immédiatement le silence et la plénitude qui y règnent. Les petites routes peu fréquentées nous changent de l'importante circulation de la veille.
Nous arrivons à Poole où nous embarquerons le lendemain pour Cherbourg.
A notre retour en France, nous sommes heureux de retrouver des pistes cyclables et voies vertes dignes de ce nom. Nous voici à nouveau sur la Vélomaritime qui nous emmènera jusqu'à notre destination finale.
A Carentan, nous traversons les marais puis rejoignons la vallée de la Vire. Moi qui affectionne de rouler près de l'eau, je suis heureux d'évoluer dans ce cadre apaisant et ressourçant.
Je passe mon temps à scruter les marais et les berges de la Vire, à l'affût de potentiels oiseaux. Mais ceux-ci semblent avoir déserté les lieux. Seuls quelques rapaces et une douzaine de cigognes peuplent le ciel.
En cette année de quatre-vingtième anniversaire du débarquement, tous les villages normands se sont parés de drapeaux britanniques, canadiens et américains.
Au camping de Carentan, nous rencontrons Serge. Par ses apparitions multiples sur notre route, ce cycliste, qui roule dans la même direction que nous, va rythmer nos trois derniers jours de voyage.
Mont-Saint-Michel
St Mary's Church (Portsmouth)
Poole
Château des Ravalet (Cherbourg)